
Actualité Diplomatique
Le samedi 04 Août 2018, une célébration eucharistique suivie d'une gande veillée de prière a été organisé en l'Eglise Sainte Bernadette de Champigny sur Marne en la mémoire des prêtres de Dieu qui payent et continuent de payer un lourd tribut dans les actes de terreur qui endeuillent la République Centrafricaine.
Ci dessous les propos de SEMA Michel GBEZERA-BRIA et l'Homélie du Père Sosthene -Alban GALLI M.
I/
Eglise Ste Bernadette, Champigny sur Marne
Messe de requiem pour les Prêtres assassinés en République Centrafricaine
04 AOUT 2018
Propos de SEMA Michel GBEZERA-BRIA
-Abbé Firmin GBAGOUA,
-Abbé TOUNGOUMALE Baba Albert,
-Abbé Joseph Désiré ANGBATA,
-Abbé Louis TONGAGNESSI,
-Abbé Paul Emile NZALE,
-Abbé Christ Foreman WILIBONA
-Abbé Jean Claude KILAMANG
Les noms de ces hommes de Dieu assassinés résonnent comme l’assassinat de ce qui fait l’essence de la personne humaine, la capacité d’espérer qui va avec la foi qu’ils avaient pour mission de renforcer à chaque instant en nous c'est-à-dire en tout homme.
Mais la foi et l’espérance ne s’éteignent pas avec la mort physique. Bien au contraire. Certaines morts qui sont emblème, ont pour conséquence de confier aux vivants une responsabilité immense, celle de continuer après la disparition , de ne pas désespérer.
Ne pas désespérer commence par avoir confiance en soi, confiance en l’autre centrafricain pour former une chaine de solidarité aussi solide que possible.
Chaine de solidarité pour entourer les familles biologiques et spirituelles des Disparus comme présentement pour les aider à surmonter les instants de tristesse et de regarder devant. C’est le sens, éminent, de la charité chrétienne, de tout croyant ou pas qui nous réunit en cette paroisse qui est l’un des lieux de référence pour la diaspora centrafricaine de se retrouver.
Notre compassion patriotique donc aux familles.
Chaine de solidarité aussi pour continuer dans le temps à nous souvenir de ceux qui se sont sacrifiés ou ont été sacrifiés pour la République Centrafricaine car, un pays, c’est aussi et surtout une mémoire pour guider le présent et l’avenir.
Si la tragédie semble accompagner la République centrafricaine depuis sa création avec la disparition de Boganda, notre Patrie vit ces dernières années avec la blessure la plus grave, la plus profonde, celle de la déchirure du tissu social, c'est-à-dire la déchirure de ses enfants.
Cependant, si nous le voulons réellement, nous pouvons puiser dans notre mémoire pour, avec détermination, trouver les voies impérieuses de panser la blessure, réconcilier les enfants du Centrafrique. Car soigner ce genre de meurtrissure exige en plus de la volonté, de la dévotion, de l’humilité et bien sûr de la patience.
C’est alors parler de puiser au tréfonds de nous-mêmes ces forces essentielles pour solidifier et maintenir allumée la flamme de l’espérance !
Les Centrafricains veulent aussi et ardemment vivre debout. Sans parler de potentialités physiques de notre Patrie, Il y a également, dans nos enfants de l’intelligence, première des richesses qui ne demande qu’à se prouver dans la construction d’une nation réconciliée que nous désirons digne. Cette intelligence juvénile est disponible me semble t-il, pourvu que cette jeunesses ait le sens de l’intérêt général et y soit guidée.
Vivre debout car déjà, dans la tourmente et malgré la tourmente, des mains centrafricaines se tendent, individuellement ou collectivement, vers d’autres centrafricains. Ces mains sont aussi celles des Croyants comme la Plate forme religieuse. Elles sont également celles de l’Etat qui, malgré sa grande faiblesse essaie de retrouver ses fondamentaux pour fermement défendre cet intérêt général dont les principales et premières composantes sont la personne du Centrafricain et son sol, entier.
Je crois fermement que de cette tragédie, le sentiment d’appartenance au sol de nos ancêtres et de reconnaissance de l’autre centrafricain n’en ressortira que de plus en plus fort. Il le faut puisque c’est le gage de la sauvegarde de notre identité et de notre survie.
Mon premier mot a été de compassion pour les familles biologiques et spirituelles des Prêtres de Dieu disparus et auxquels j’associe les hommes et femmes de Dieu qui , dans les actes de terreur, ont souffert car blessés dans leurs chairs et moralement comme l’Abbé Barthélémy MANANDJI de Bakala officiant à cette messe. Je n’oublie pas non plus les autres victimes de notre tragédie, quelles quelles soient !
Mon second mot est de saluer la communauté centrafricaine présente et les amis de mon pays,
Mon troisième mot est d’exprimer les remerciements des Compatriotes à cette paroisse, à tous les prêtres et notamment au Père Irénée qui vont, de nouveau, nous convier à communier dans l’espérance et que la chorale reçoive encore et déjà l’assurance de mon admiration.
La République Centrafricaine, notre République Centrafricaine vit et vivra !
Merci à tous
II/
HOMELIE DE P.Sosthene - Alban GALLI M.
Paroisse Sainte Bernadette, Champigny sur Marne le 04 Août 2018
Messe pour les prêtes assassinés en Centrafrique
Mes chers Amis,
Nous sommes réunis ici à cause d’un seul homme. Un homme que beaucoup d’entre nous connaissons personnellement, que beaucoup d’autres ne connaissent que de réputation, un homme aimé par un grand nombre, raillé par d’autres, un homme connu pour de grandes controverses, et pour sa grande compassion. Cet homme, évidemment, c’est Jésus de Nazareth.
C’est Lui que nous proclamons : Jésus –Christ, Fils du Père, né de la Vierge Marie, crucifié, enseveli, ressuscité, assis à la droite du Père. C’est à cause de Lui, à cause de sa vie de sa mort et de sa résurrection que l’Abbé Firmin GBABOUA et ses compagnons avaient consacré toute leur vie.
Nous sommes tristes, mais il faut que notre tristesse se change en joie. Il faut que nous rendions grâce au Seigneur de nous avoir donné ces frères et ces prêtres durant toutes les années de sacerdoce.
Patiemment, discrètement, soigneusement, amoureusement, ils ont pris soin de nous, à la manière du Bon Pasteur. Ils nous connaissaient bien, cela signifie que notre existence d’homme, de femme, était gravée dans leur cœur à la vie, à la mort et ils sont partis vers leur Seigneur en emportant tous nos visages avec eux pour les présenter à leur Maître dans l’Eternité.
C’est cela qui caractérise le vrai pasteur ! Nos prêtres assassinés n’abandonneront jamais celles et ceux qui leur ont té confiés ou qui se sont confiés à eux. Ils continuent à nous accompagner, à nous guider, à nous aimer au-delà de la mort, au-delà de leur propre mort.
Leur vie, leur foi, leur cœur étaient pour nous, étaient à nous ! L’Abbé Firmin et ses compagnons étaient comme un pont. Ils tiennent dans leurs mains, celle du Seigneur, et de l’autre ils tiennent la nôtre. Ils sont comme un trait d’union entre le Christ et nous et leur plus joie, leur plus belle récompense, c’est quand ils parviennent à joindre notre main à celle du Seigneur pour ainsi nous unir à Lui. Mais tuer les prêtres, c’est supprimer ce pont, c’es rompre ce trait d’union qui nous donne le sens de discernement et d’exploiter le trésor que porte chacun et chacune de nous. Quelle épreuve !
Dans la 1ère lecture que nous avons écoutée, Paul a subi de nombreuses épreuves au sein de sa vie de Ministre de Dieu. Ses épreuves furent celles du commun des mortels, tantôt dues à la nature même (tempête) tantôt dues à la méchanceté ou l’intolérance du monde… Mais cela ne l’a jamais arrêté bien au contraire. Pourquoi ? Parce qu’il savait que tout ce qu’il vivait de ‘contrariant’ était source de vie pour les âmes. Il vivait cela dans la foi au Christ et dans l’union à la passion de Jésus. Dès lors sa prière n’était pas comme celle que nous faisons si souvent, à savoir : « Seigneur je t’offre ma maladie », sous entendu, « je te la donne alors prends-là et débarrasse m’en ! ». Non sa prière était plutôt : « Seigneur tu es maître de la vie et de la mort en cette épreuve qui m’atteint je m’offre à toi pour le salut des âmes. Que ta volonté se fasse. » Savons nous encore prier comme cela aujourd’hui au cœur de nos épreuves ?
Mes chers frères centrafricains, j’aimerais que chacun reparte avec la conviction intime que la guerre ne fait que des victimes. Chacun d’entre nous, au nom de son humanité, au nom de la Foi qui, peut être, la porte aujourd’hui dans cette Eglise, doit détester la guerre. Les victimes aujourd’hui sont d’ailleurs plus souvent civiles que militaires, ne l’oublions jamais ! Nous pensons à ceux qui sont morts comme du bétail en Centrafrique, mais pensons aussi, aux familles, aux centaines des veuves, aux milliers de petits enfants qui restent seuls. Sans parler de ceux qui sont blessés, traumatisés par des viols ou par la mort de leur camarade…
La guerre ne fait que des victimes, y compris chez ceux qui se proclament vainqueurs. Voilà pourquoi nous pensons tous que la guerre est une aventure sans retour, quelqu’en soit l’issue. Nécessairement, la blessure va rester dans l’humanité, dans les cœurs d’hommes, de femmes, des enfants, dans des sociétés toutes entières.
Jésus nous dit dans l’Evangile nous serons heureux ici en France ou en Centrafrique si nous supportons ave foi les maux que d’autres nous infligent en les pardonnant du fond du cœur ; nous serons heureux si nous regardons dans les yeux les rejetés et les marginalisés en leur manifestant de la proximité ; nous serons heureux si nous reconnaissons Dieu dans chaque personne et luttons pour que d’autres le découvrent aussi ;nous serons heureux si nous protégeons et sauvegardons notre maison commune qui est la République Centrafricaine ; nous serons heureux si nous renonçons à notre propre bien-être pour le bien d’autrui ; nous serons heureux si nous prions et travaillons pour la pleine communion des êtres humains.
Chers Compatriotes, nous sommes tous porteur d’un trésor qui est la miséricorde et de la tendresse de Dieu. Ne perdons jamais ce trésor !
Abbé Firmin et tes compagnons, nous portons en nous le chagrin de votre départ, mais nous savons que votre quête de Dieu n’a pas été vaine, vous avez suivi Son étoile tout au long de votre vie. Elle vous a conduit jusqu’à nous et maintenant elle vous mène jusqu’à Lui. Vous vous présentez au Père avec un cœur tout brûlant de cette charité avec laquelle vous avez tant aimé. Que la Trinité Sainte vous fasse fête avec Marie et tous les saints ; Maintenant que vous allez rencontrer fréquemment St Jean Marie Vianney le patron des prêtres et que vous aurez l’éternité pour parler ensemble, nous comptons sur vous pour montrer au Seigneur combien est endeuillée notre Eglise en Centrafrique. Dites lui que nous en sommes tristes et insistez pour qu’Il inspire aux Centrafricains des sentiers qui mènent à la paix au-delà des conspirations internationales. Avec vous ça marchera mieux ! Merci de nous rendre ce beau service. AMEN !
P. Sosthène-Alban Galli M.