
Cérémonie d'Hommage à Soeur Claire-Marie JOUIS -
Ancienne Directrice du Lycée Pie XII de Bangui
Dimanche 27 Juin 2021
Paroisse Notre Dame de Lourdes
Villeneuve Saint Georges
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I- Mot de Mme Béatrice KAYA de l'Equipe Convivialité Piedouziennes France
Excellence et Très Cher Aîné Mr l'Ambassadeur,
Père Irénée et Père Cyprien,
Sœurs de la Congrégation Spiritain
Chers Frères et Sœurs
Mesdames, Messieurs,
En vos titres et qualités,
Au nom des piedouziennes, ex-élèves du lycée Pie XII de Bangui mais aussi piedouziens et piedouziennes d'aujourd'hui, je vous remercie de votre présence à cette messe à la mémoire de la sœur Claire-Marie Jouis que le Seigneur a rappelé auprès de lui au début de l'année, le 15 janvier dernier. Les contraintes sanitaires au début de l'année, n'avaient pas permis la présence de tous le 27 janvier à ses obsèques, d'où la nécessité de cette messe.
Qui est la sœur Claire-Marie Jouis ?
Comme le magnificat que nous chanterons à la fin de cette messe, Wali so a yéké zo wa ?
Qui est cette Dame ?
Unique fille dans une fratrie de trois enfants, la sœur Claire Marie est née en France le 05 Juin 1926 à Chatillon sur Colmont, dans la Mayenne. D'éducation chrétienne, elle a été élevée par ses parents dans le principe de la foi. A l'adolescence, sa vie bascule au cours d'un pèlerinage à Lourdes où elle est miraculeusement guérie par la Vierge Marie, mère du Christ. Elle décide alors de consacrer sa vie à Jésus. Servir Jésus n'importe où, avec cette phrase « Je sais en qui j'ai mis mon espérance, je suis sûre de son Amour ».
En 1939, à 13 ans, la sœur Claire - Marie Jouis contacte le Carmel de Lisieux. La mère prieure l'invite à leur écrire à sa majorité, si le désir de rentrer au carmel persévère. 10 ans plus tard, le 29 août 1949, elle entre au Postulat chez les Sœurs missionnaires du Saint-Esprit à Draveil dans l'Essonne.
Le 25 mars 1950, elle fît son entrée au Noviciat.
Après formation et discernement, elle prononce son premier vœux ou profession à Chantenay-Saint-Imbert, dans la Nièvre, le 25 mars 1952.
Diplômée de la Sorbonne avec une licence en philosophie, jeune professe, la sœur Claire-Marie est envoyée en mission au Cameroun. Son vœux est enfin réalisé. Elle sert Jésus dans ce pays pendant 5 ans, de 1952 à 1957.
La vie religieuse étant de servir Dieu partout, elle est rappelée en France à la Maison mère où elle servira de 1958 à 1960. Ce temps de service, de formation et de discernement ont conduit la sœur Claire Marie Jouis à consacrer définitivement sa vie à Dieu, en prononçant ses vœux perpétuels le 22 juillet1959 à Chantenay-Saint-Imbert. En 1961, la sœur Claire-Marie est envoyée en mission à en République Centrafricaine. Où elle resta jusqu'en 2008.
Ainsi, Sœur Claire Marie Jouis a servi le Seigneur toute sa vie entière, au rythme de prières, gardant le long de sa vie une intimité très particulière avec la Vierge Marie, sa guide, protectrice, confidente. Elle devait partir en pèlerinage à Lourdes en Avril 2020, mais malheureusement, le déplacement a été annulé, compte tenu de la crise sanitaire.
Sœur Claire Marie Jouis, c'est toute une vie au service de Dieu. Toute une vie au service de l'humanité.
Sœur Claire Marie Jouis, c'est de 1961 à 2008, 47 années consacrées à l'éducation de la jeunesse, notamment de filles en République Centrafricaine où Sœur CM a servi comme Directrice du collège puis lycée Pie XII, au bénéficie de plus de 11 000 élèves.
La sœur Claire Marie Jouis connaissait tous ces élèves par leur nom. Sa mémoire était impressionnante.
Dotée d'une forte curiosité intellectuelle, la sœur Claire Marie Jouis avait une grande appétence à l'apprentissage. Elle remplaçait à pieds levé les professeurs dans plusieurs matières, même en Russe qu'elle venait d'apprendre. Les verbes irréguliers en Anglais n'avaient pas de secret pour ses élèves.
Son éducation, sa pédagogie, ses disciplines, ses rigueurs, dans la bienveillance ont permis aux jeunes filles et femmes de Centrafrique d'avancer dans la vie. Elle a formé des élites de la Nation Centrafricaine. Sœur Claire Marie a formé des femmes et des hommes responsables dans la société et dans le monde (Des Ministres, des Avocats, des médecins, des Docteurs, etc ...).
Ses élèves, les piedouziennes ont participé aux évènements culturels dans le monde :
Le congrès des jeunes de Métropolis à Berlin en Allemagne en 2005
La Dictée de Pivot en France
La sœur Claire Marie a reçu des hautes distinctions Honorifiques, lors du cinquantenaire du lycée Pie XII. Elle a été élevée au rang de Commandeur de l'ordre du mérite centrafricain en 2007, par le ministre Doubane.
L'association Fraternité Boganda a aussi décerné la « Trophée Instruire 2014 » à la sœur Claire Marie.
La Sœur Claire Marie Jouis nous a inculqué la valeur du travail, l’amour du travail bien fait, le respect, la dignité …
De la Sœur Claire Marie Jouis, nous qui avons eu la chance de passer par le lycée Pie XII sous sa direction, gardons des empreintes indélébiles qui ont largement contribué à faire de nous de citoyens et citoyennes pleins d'humanisme et de charité avant tout.
Me tournant vers vous !
Très chère sœur Claire Marie
Vous nous avez appris, filles de Centrafrique, le sens du devoir et de la responsabilité, la rigueur, la persévérance dans l'effort, la dignité, le goût du travail bien fait. Et enfin, par-dessus tout, l'amour de l'autre. Valeur essentielle de l'église magnifiée à travers votre humble personne, lors de la mission qui vous a conduite en 1961 à Bangui, République Centrafricaine.
De nos rencontres, j'ai observé votre totale dévotion. J'ai admiré et admirerai toujours cette intériorisation profonde. Vous suiviez tous les Jours le chapelet de Lourdes à 15h30 sur KTO.
Merci infiniment à Dieu qui vous a envoyé vers nous. Vous êtes une perle de la création. Une présence dans la simplicité, et dans la foi.
De nos partages, vous avez apprécié les chants : « Je bénirai le Seigneur en tout temps » de Jean-Claude Gianadda, et le Psaume de la Création « Mon Dieu tu es grand tu es beau Dieu vivant Dieu très haut ». Vous m'aviez demandée de les chanter le jour de votre départ. Je vous ai dit de rester encore avec nous. Ma sœur…, cela est devenu réalité.
Piedouzienne un jour, piedouzienne toujours
Je pense aux après-midis devant des corbeilles de fruit, à discuter de divers sujets et à partager nos découvertes sur internet, les exercices de QI Gong des yeux... Continuer ces échanges sur les réseaux sociaux, Skype et-vous à 94 ans aussi habile qu'un jeune de 14 ans sur son clavier d'ordinateur... Ces moments de partage resteront à jamais gravés en nous.
Merci Sœur Claire Marie ! Que le Seigneur vous accueille dans sa lumière ! Reposez en paix !
« Il n ' y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime », Consacrer sa vie à ceux qu'on aime. Oui vous nous avez aimé-e-s. Nous vous aimons et vous aimerons toujours.
Merci !
II- Mot de SEMA Michel GBEZERA-BRIA
Biens chers Piedouziennes et Piedouziens,
Je commence ce mot par vous rendre hommage parce que vous nous avez réuni en ce dimanche pour saluer la mémoire de Sœur Claire-Marie JOUIS. Vous avez relevé que plus de 11.000 filles et fils de la République Centrafricaine ont bénéficié de son éducation et de son encadrement. Certains de ces élèves ont eu à assumer des postes de responsabilité grâce et je vous cite à cet « Acteur Pivot » de votre éducation comme vous l’avez nommée dans la lettre que vous m’avez envoyée.
Je remercie de nouveau, en cette occasion d’hommage et de retour sur soi, la disponibilité constante, à l’égard de la Diaspora centrafricaine :
- De Mgr Joachin Ndayen Archevêque Emérite de Bangui, qui s’excuse sincèrement de n’être pas parmi nous aujourd’hui;
- Du Père Irénée Curé de la Paroisse Notre Dame de Lourdes de Villeneuve Saint Georges ;
- De Mesdames et Messieurs les Officiants ;
- De Mesdames et Messieurs de la Chorale.
Je vous salue également Vous toutes et tous qui êtes présents, que la Parole Sainte a réunis avec nous qui sommes de la République Centrafricaine. Merci alors et aussi de votre solidarité !
Je voudrais rappeler ceci en second point.
Un pays est un territoire limité. Un pays est une population donnée sur ce territoire. Il revient à ce mécanisme particulier qui est l’Etat de protéger ce territoire et de protéger les enfants de ce territoire. Il n’y a pas d’autre condition à cette deuxième obligation, la protection du citoyen, que celle, exclusive, de l’appartenance à ce pays.
Car, un lien ombilical relie à un terroir comme il nous relie ce matin en cette paroisse, quelle que soit notre origine, nos croyances, notre marche dans la vie. En ce lieu, oubliant donc nos diverses particularités, nous sommes des Centrafricaines et des Centrafricains, pas un autre peuple.
Nous appartenons donc au pays de Barthelemy BOGANDA que nous souhaitons vivement voir revenir à lui- même, en son entièreté et en paix comme cette paix qui nous habite en cette maison de Dieu.
Entacher ce lien ombilical, le rompre est de faire de nous des étrangers à notre propre pays, c’est-à-dire des apatrides.
Ce sens essentiel de l’appartenance à un sol, à une patrie fonde la solidarité nationale qui, en terme chrétien est la charité. Cette solidarité se construit sur un pilier fondamental qui est l’éducation au sens large du terme.
On l’a dit et répété, il n’y a de richesse que d’hommes. Ce facteur humain essentiel ne peut donner toutes ces possibilités que si l’ignorance, mère des vices, recule dans un pays. C’est l’éducation qui, surs divers bancs, efface nos particularités ethnique et partisane, nous donne confiance en nous-mêmes et nous apprend à appartenir à plus grand, une nation.
Et, une nation est solidarité et prévalence de l’intérêt général, du respect de l’autre et de l’autorité juste.
C’est ici qu’intervient l’enseignant. Ce métier, l’un des plus nobles, comme celui de sauver la vie, est d’inculquer ces valeurs à nos enfants. L’enseignante ou l’enseignant, à quelque niveau que ce soit, révèle à l’enfant sa capacité tout en lui inculquant les valeurs qui en feront un bon citoyen. Cela avec tact et bien sûr fermeté complétant les valeurs inculquées par la famille.
Alors les jeunes gens devenus citoyens, armés de la bonne arme, pourront ou même devront efficacement contribuer à la construction de la solidarité nationale, gage de la sauvegarde d’une patrie.
C’est ainsi et à juste titre que des Piedouziennes et Piedouziens ont assumé de haute responsabilité, c’est-à-dire ont posé une pierre blanche, si petite soit-elle, à la construction de la République Centrafricaine.
C’est pourquoi, Je vous salue de nouveau bien bas de témoigner de votre reconnaissance à Sœur Claire-Marie JOUIS qui a consacré sa vie à vous modeler c’est-à-dire à modeler la plus noble partie du corps humain, le cerveau. En effet, toute habilité humaine, théorique ou pratique dépende cette habilité première, celle du cerveau.
En effet, toute habilité humaine, théorique ou pratique dépend de cette habilité première, celle du cerveau.
Sœur Claire-Marie JOUIS a été plus qu’une enseignante. Elle était au sens le plus élevé un maître, un guide qui montre le chemin. Car, il y a des bons et mauvais enseignants. Ces bons enseignants, ces guides continuent de vivre en leurs élèves, après leur disparition.
La preuve, Sœur Claire - Marie JOUIS, vous a tellement marqués, Piedouziennes et Piedouziens que vous nous rassemblez en ces instants, car elle vit en vous, en bien ! Comme continuent de vivre en moi, en bien, mon Maitre du CME 2, Monsieur Camille Damego-Mandeu à qui j’ai eu l’immense privilège de dire adieu et Monsieur Galiègue, mon professeur de latin français de la 4ème en Terminale.
C’est un honneur que vous rendez non seulement à votre enseignante mais également à tous les enseignants de la République Centrafricaine, soldats souvent méconnus de la lutte contre l’ignorance et l’obscurantisme. Il était par ailleurs normal que le Gouvernement de la République Centrafricaine ait honoré en 2008 de la médaille de Commandeur dans l’ordre du Mérite Centrafricain cet « Acteur Pivot » de l’enseignement qui était Sœur Claire-Marie JOUIS.
Je termine et mon mot de la fin est de vous redire merci d’avoir convié l’ambassade à cet hommage et merci encore aux officiants et à vous d’être présents.
III- Témoignage de Mr Charles Armel Doubane
Ancien Ministre de l’Éducation Nationale de la RCA (2006-2008)
Cher(e)s ami(e)s,
J'aurais aimé être des vôtres pendant cette messe du souvenir dite ce jour en la mémoire de notre regrettée Sœur Claire-Marie Jouis qui nous a quitté il y a quelques mois, malheureusement les circonstances du moment me retiennent à Bangui.
Par ces mots ramassés ci et là, je viens m'associer à cette cérémonie pour célébrer une grande amazone de l'éducation au service de la fille su Centrafrique et du monde. Celle que j'appelais affectueusement Yaya Jouin - elle et moi appartenions à la communauté des Spiritains, elle religieuse et moi ancien grand séminariste- était l'incarnation de la compétence, de la rigueur et de l'amour du travail bien fait. Et c'est à raison, pour les 50 ans du lycée Pie XII en 2007 que sans hésiter je lui ai proposé une distinction honorifique.
Évidemment sa réponse était: " non Armel, c'est ma vocation, oublies tu que je suis religieuse?" Le jeune ministre de l'Education Nationale que j'étais, l'a convaincu d'accepter cette reconnaissance officielle de la République.
En lui attachant le ruban supportant sa médaille de Commandeur dans l'ordre du mérite Centrafricain, la vue de son visage rayonnant de joie m'a satisfait et j'étais plus heureux qu'elle. "Petit frère, me dit-elle, cette médaille je l'ai mérité au moins? Ce n'est pas du népotisme inter Spiritains?" Moi de lui répondre : "Yaya, tu la mérites amplement, tu es notre fierté, notre icône de la scolarisation des filles.
Chers ami(e)s, je clos mon propos en nous rappelant que toutes générations confondues, gardons-en nous dans nos cœurs et dans nos vies, un peu du Claire-Marie Jouis. Elle nous a formés et transmis des valeurs.
Alors, à notre tour, tâchons de les transmettre aux générations futures, pour que l'esprit Lycée Pie XII et l’esprit Jouin ne périssent point.
RIP Yaya, merci pour toujours.
Bangui, le 27 Juin 2021
Charles Armel Doubane
Ancien Ministre de l’Éducation Nationale de la RCA (2006-2008)